Lucie Yerlès, dernière résidente avant l’envol.

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Exactement le même âge… Par un joli clin d’œil du hasard, Lucie Yerlès & l’Espace Catastrophe sont tous les deux nés en 1995, il y a 26 ans, donc! Et par un autre joli clin d’œil du hasard, c’est la même Lucie qui est accueillie pour l’ultime Résidence de Création dans la Salle Hop, au fond de la cour à droite des Anciennes Glacières de Saint-Gilles, avant le déménagement à Molenbeek-Saint-Jean. L’occasion était trop belle de scruter avec elle l’évolution du Cirque contemporain sur les 25 dernières années – des années qui l’ont aussi forgée. Son pronostic pour le futur ? Des mélanges toujours plus nombreux du Cirque avec les autres Arts… & les Sciences!

Le mathématicien y verra simplement un effet de probabilité. Le poète y lira plutôt un merveilleux clin d’œil du hasard – s’il existe. Ainsi, la toute dernière artiste à mener une résidence artistique à l’Espace Catastrophe avant déménagement a exactement… le même âge que lui : 26 ans tout ronds (dans quelques mois). « J’ai aussi le même âge que toutes les écoles de cirque que j’ai faites! », sourit Lucie Yerlès, formée à l’École nationale de cirque de Châtellerault (en France), puis à l’École de cirque de Québec, toutes deux fondées en ‘95. « 25 ans, c’est un peu l’âge du cirque contemporain », commente Lucie. « Ce dernier quart de siècle a tout changé pour un art qui s’est totalement réinventé. L’Espace Catastrophe participe donc depuis les débuts à cette évolution! »

Lucie Yerlès peut témoigner dans sa chair – et sa profession – de ce changement de paradigme. Elle quitte la Belgique à 7 ans et grandit dans un théâtre – le Théâtre des Doms, à Avignon, où travaillent ses parents. Très vite, elle pratique le Cirque en école de loisirs. « Je pense que c’est l’un des changements majeurs du Cirque sur ces 25 dernières années : son accessibilité. Longtemps réservé aux familles d’initiés, le Cirque a vécu une démocratisation qui permet à tous de s’y essayer. »

 

 

Du haut de ses 7 ans, Lucie avait annoncé à sa mère qu’elle voulait dresser des lions. « J’ai été un peu déçue de voir qu’il n’y en avait pas, quand je suis arrivée à mon premier cours à la Maison pour Tous de Champfleury », rigole-t-elle. En revanche, elle est attirée par un autre animal étrange : le tissu aérien. Elle en fera son métier. « Dès la quatrième secondaire, j’ai pu suivre le cirque-études à Châtellerault. L’école avait 15 ans (comme moi) et c’était la seule école secondaire qui proposait cette option cirque « lourde », c’est-à-dire 10 heures par semaine. Signe de la démocratisation, on compte aujourd’hui plus de 10 écoles proposant l’option cirque en France : Châlons, Auch ou Tréguier ont suivi, et le mouvement est aujourd’hui amorcé dans le secondaire en Belgique. L’Espace Catastrophe propose un programme de préparation pour les ados. Aujourd’hui, il y a moyen de se former en cirque tôt et bien, sans faire partie d’une famille de cirque. »

 

Changement de cap

Après un grand saut par-dessus l’Atlantique, Lucie poursuit sa formation à l’École de Cirque de Québec. Mais, en 2015, une blessure la contraint à – momentanément – se réorienter. Elle est aujourd’hui bachelière en psychologie, formée à l’ULB… et circassienne. « Après mon bac, j’ai reçu des propositions de travail en cirque, donc j’ai pleinement renoué avec la profession. Faire 10 ans de cirque puis reprendre la psychologie, c’est possible. Mais faire 10 ans de psychologie et puis reprendre le cirque, c’est nettement moins envisageable. »

 

 

Et surtout, par un tour digne des meilleures prestidigitatrices, Lucie est parvenue à combiner ses deux professions en un seul spectacle, « Le Solo », qu’elle est venue travailler à l’Espace Catastrophe dans la cadre du dispositif «3R³» [3 Résidences au Cube], un programme d’accompagnement développé grâce à un partenariat réunissant l’Espace Catastrophe, Archipel 19 & Wolubilis. Cette création en cours se situe au carrefour exact du cirque et de la science : elle analyse en direct les ressorts de l’émerveillement. « J’ai eu envie de comprendre comment fonctionne le partage social des émotions dans un spectacle de cirque », résume Lucie. Passant de l’explication à la démonstration, elle est une conférencière hors normes, capable de nous expliquer les mécanismes de notre thalamus sensoriel ou de notre cortex cérébral, puis de nous les faire solidement vibrer !

 

 

25 ans de recherche, des siècles de mélanges

Par ce croisement entre Cirque physique et recherche intellectuelle, l’artiste témoigne de l’évolution de l’une des plus grandes passions du Cirque : les mélanges. « L’histoire du cirque, c’est celle d’une ouverture constante », observe-t-elle. « Le cirque dit traditionnel s’est ouvert à la musique. Le Nouveau cirque s’est mêlé au théâtre et à la danse. Le cirque contemporain poursuit cette ouverture en s’intéressant notamment à la science. Je pense que les jeunes générations ont envie de connecter le cirque au réel, de l’utiliser comme outil plutôt que comme une fin en soi. Nous avons besoin de parler du monde qui nous entoure tout autant que d’un monde fantasmé ou féerique. »

Que se passera-t-il alors dans les 25 prochaines années pour le Cirque… selon Lucie ? « Pour être franche, la jeunesse a davantage conscience que c’est très mal embouché pour l’humanité. Je ne pense pas être la seule à ne pas me projeter dans une grande carrière. Penser aux quatre ou cinq prochaines années, c’est déjà bien. Nous n’avons plus la vision d’une société en progrès. Par contre, je crois que le cirque a cette capacité de souder des personnes très différentes, de redonner confiance dans ses propres capacités quand on le pratique. C’est un incroyable outil de réconciliation. » Le Cirque sauvera-t-il le monde ? « Il changera beaucoup de gens en tout cas. Aujourd’hui je donne moi-même des cours de tissu. 90 % des élèves sont des femmes. Je vois sans cesse des choses changer dans leurs yeux, dans leur corps et sans doute dans leur vie. »

C’est assurément la puissance du Cirque, depuis la nuit des temps. Et c’est aussi le rêve de l’Espace Catastrophe, aux anciennes Glacières de Saint-Gilles et bientôt à Molenbeek-Saint-Jean!

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Découvrez l’Album photos des Résidences au Cube 

Copyright photos : Espace Catastrophe – Mathilde Schockaert

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Les Premières du spectacle « Le Solo » sont à découvrir vendredi 1.10.2021 @Maison culturelle d’Ath

Toutes les infos sur le Spectacle

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Plus d’infos sur le dispositifs «3R³» – 3 Résidences au Cube – programme d’accompagnement développé grâce à un partenariat réunissant l’Espace Catastrophe, Archipel 19 & Wolubilis. 

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